Avant-hier, les services de renseignement français ont entrainé une intervention à Saint-Denis. Il y a eu des coups de feu, des morts, et une explosion d’un kamikaze. Si vous voulez plus de détail, je vous conseille cette vidéo récapitulative :
Les hommes politiques français parlent
désormais d’une guerre. Mais, comme le rappelait Marc Trévidic dans les vidéos
dont j’ai déjà parlé ailleurs, ce n’est pas une guerre au sens juridique du
terme, où s’opposent deux Etats. En effet, l’Etat Islamique n’est pas reconnu
en tant que tel. M. Trévidic a rajouté que ceux qui étaient venus vendredi
étaient des guerriers, c’est-à-dire des hommes dont la fonction est de porter
la guerre avec eux. Mais frapper des citoyens français, et non des forces de
police ou militaires, est-ce vraiment la marque d’une guerre ?
a) Le choix de la guerre
En 1914, convaincus que la guerre est
défensive, les Français rentrent en guerre. L’éducation, le service militaire,
la « Revanche », tous ces éléments expliquent le volontariat, et « l’Union
Sacrée » des partis politiques.
En 2015, qui pense avoir choisi la guerre ?
Qui pense avoir un droit de décision sur l’envoi des forces militaires
françaises ? Pas moi. Ceci s’explique aussi par la professionnalisation de
l’armée, qui a moins de comptes à rendre à l’ensemble de la nation. Mais qui
envoie les forces françaises ? Le gouvernement. Or, ce gouvernement est
celui que nous avons élu, et c’est lui qui a pris depuis quelque temps l’initiative
de frapper les positions de l’E.I. en Syrie. Si le gouvernement parle alors d’une
guerre, c’est bien que nous sommes en guerre, mais pas au sens de 1914 où l’adhésion
de tous était spontanée.
b) Les buts de guerre
Toute guerre a un objectif. Celui de la France
était, avant vendredi, de s’occuper avec la Coalition d’une organisation
terroriste. Depuis qu’on parle de guerre, l’objectif reste le même, puisque l’E.I.
n’est toujours pas vu comme un Etat. Peut-on déclarer une guerre contre des
organisations autres que des Etats ? Oui. G. W. Bush avait parlé après les attentats du 11 septembre 2001 d’une
« War on Terror », d’une guerre contre la Terreur, contre le
Terrorisme.
On trouve donc comme objectifs le démantèlement de l’E.I. et le rétablissement de l’autorité
irakienne. Toutefois, lorsqu'on parle de la Syrie de
Bachar Al-Assad, allié des Russes, tout est moins clair.
De l’autre côté, l’E.I. a pour objectif d’établir
un califat sans contestation possible, ce qui est rendu impossible par la
Coalition et la mise au ban internationale. Ses raisons plus idéologiques et
religieuses sont connues, mais peu étudiées, et je ne m’aventurerai pas sur le
sujet, à part pour rappeler que la guerre se colore toujours d'idéologie, dans laquelle on peut trouver la religion.
c) Les effets de la guerre
L’envoi d’un porte-avions,
les frappes françaises organisées depuis le 27 septembre 2015,
c’est la projection de la force française à l'étranger. Les cibles ? Des camps d’entraînement,
mais aussi des objectifs stratégiques, comme des convois ou même des villes.
Une guerre portée sur le territoire de l’E.I. en somme.
En face, l’E.I. n’a pas les mêmes
possibilités stratégiques et opérationnelles, si ce n’est pour envoyer, ou renvoyer des français chez eux pour qu’ils
commettent en leur nom des attentats. Mais ces attentats, loin de frapper des
objectifs stratégiques, l'armée ou la police, ont des visées idéologiques et culturelles réelles. Il
faut frapper le cœur de la population et porter la terreur. A ce titre,
vendredi ne ressemble pas à un acte de guerre mais à un attentat. On définit un attentat de la mnière suivante (CNRTL) : "Entreprise criminelle perpétrée contre une personne ou contre une communauté, et particulièrement dans un contexte politique". On parle bien d'un crime, et pas d'un acte de guerre. Même chose mercredi : on avait sous les yeux une opération de police.
Et pourtant, depuis toujours, lorsque deux
Etats ou cités sont en guerre, il y a des chocs entre armées, sur le champ de
bataille, même si aujourd’hui on parle plutôt de « guerre asymétrique »,
mais il y a aussi toujours eu des forces plus réduites, des commandos ou des
corps expéditionnaires, envoyées saccager et piller le territoire ennemi, loin de
la ligne de front. Il suffit de lire un des auteurs antiques pour le voir :
on pille la campagne, on massacre les paysans et on récupère la nourriture avant de rejoindre l'armée complète. Des
opérations de coup de main ont toujours eu lieu dans les cités, pour terroriser la population et les pousser à la reddition.
Les forces terroristes rentrent donc dans cette catégorie de guerrier infiltré capable de tuer sans état d’âme, et d’obéir aux ordres lointains de l’E.I., pour porter la terreur. Ils agissent en fait comme les premiers Hachichins, les Assassins, envoyés dans des missions souvent mortelles. Par voie de conséquence, il s’agit d’une guerre avec une préparation et un envoi de personnel dans la société française pour la frapper au moment opportun.
Les forces terroristes rentrent donc dans cette catégorie de guerrier infiltré capable de tuer sans état d’âme, et d’obéir aux ordres lointains de l’E.I., pour porter la terreur. Ils agissent en fait comme les premiers Hachichins, les Assassins, envoyés dans des missions souvent mortelles. Par voie de conséquence, il s’agit d’une guerre avec une préparation et un envoi de personnel dans la société française pour la frapper au moment opportun.
Conclusion
Pour conclure, il est bon de réfléchir
avec cet article sur l’antériorité des objectifs de l’Etat Islamique. Maxime Vaudano rappelle
que la France appartient depuis un an à la Coalition contre l’E.I., et que
depuis longtemps l’E.I. se considère en guerre avec la France. Une guerre qui
se colore, comme toutes les guerres, d’idéologie et de religion : pas
besoin de vous donner des exemples précis, il vous suffit de penser à la
bataille de Lépante (1751), une des plus importantes batailles navales de l’histoire,
marquant une guerre opposant une coalition menée par l’Espagne face à l’Etat
Ottoman ; on pense aussi à la Guerre de Corée (1950-1953) où les
Communistes du nord ont voulu envahir les non-Communistes du sud, les deux
parties soutenues par les Chinois ou les Américains. Religion et idéologie, ou
les guerres culturelles.
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