Introduction
Longtemps j’ai eu l’envie de mettre en
place un nouveau blog, qui traiterait dans les grandes lignes d’histoire, de
géopolitique et d’actualité. Longtemps j’ai cherché le temps et la force de m’y
atteler. Mais j’étais loin de me douter que ce serait un attentat au cœur même
de Paris qui me ferait définitivement sauter le pas. J’étais le vendredi 13
novembre 2015 à Paris toute la journée, et, comme tous, je n’étais pas prêt. Avant
de lire la suite, sachez que, comme tous, je suis de tout cœur avec ceux qui
ont été impliqués, directement ou indirectement, dans ces événements
indescriptibles qui apparaissent comme des massacres froids et calculés.
Courage.
Et comme tout événement effroyable qui
fait des centaines de victimes innocentes, cet attentat sur Paris, qualifié de
manière très maladroite par BFM TV de « Terreur sur Paris » le
soir-même, fait des émules dans toutes les catégories de la population, et a
poussé le gouvernement à remettre plus ou moins en question sa politique de
sécurité.
Le problème principal dans ce genre d’événements,
ce sont les commentaires à vif, et les questions que se posent tout le monde :
pourquoi. Pourquoi des gens tireraient sur des innocents ? Pour quels
motifs ? Qui est ce lointain Etat Islamique qui a planifié ces attentats ?
Pourquoi existe-t-il ? Les musulmans sont-ils tous dangereux ?
Cette suite de questions polémiques est la
conséquence logique de la peur. La peur d’avoir pu être à la place des cent
trente-deux victimes, des centaines de survivants et même de leurs familles. A
cette peur se greffe un autre type de peur, suscitée par l’incompréhension face
à un ennemi qui nous veut du mal. Cette deuxième peur est beaucoup plus
insidieuse. Contrairement à la première où on attend une réponse
gouvernementale, la deuxième peur nous renvoie à notre quotidien : qui est
capable de faire une chose pareille ? Et les amalgames surgissent :
le noir est un terroriste, le Coran est un livre maléfique et les musulmans
sont tous des terroristes. Non. Je dis non.
Nous devons faire un bilan sécuritaire, c’est
évident. Nous devons faire le deuil, c’est clair. Mais ce qu’il faut avant
tout, c’est comprendre qui on a en face de soi. Je prépare ainsi une série d’articles
sur la genèse de l’Etat Islamique, car j’estime que face à un ennemi, il faut
le comprendre pour mieux le combattre.
Si vous voulez des réactions à chaud réfléchies
et satisfaisantes, vous trouverez Marc Trévidic. Ancien juge, spécialisé dans
les affaires de terrorisme, il a fait trois apparitions où il revient sur des
choses fondamentales que les gens devraient comprendre. Je résume sa parole en
étoffant un brin.
a) Les acteurs de ces drames
L’Etat Islamique a une réserve de
volontaires professionnels, prêts à se faire exploser en France. Ils ont une
formation et une détermination de fer. Ce n’est pas le premier bonhomme de la
rue. Ce qui est effarant, comme le rappelle Trévidic, c’est que ces attentats
montrent que l’E.I. a suffisamment d’hommes pour en perdre volontairement dans
des attaques kamikazes.
De plus, il faut rappeler qu’il y a une
organisation externe, des gens qui tirent les ficelles. Ceux qui ont tué sont
des « guerriers », certainement pas dans le sens noble du terme, mais
dans le sens « qui fait la guerre », et ce sans états d’âme. Mais n’oubliez
pas que derrière, il y a les planificateurs qui ont ciblé à l’avance le
Bataclan et les bars. Pas seulement pour des motifs religieux, comme ils
veulent le faire croire, mais surtout pour de la publicité. Il faut choquer, et
ça marche.
b) L’essor de l’E.I. est politique et culturel
De manière très intéressante, M. Trévidic
rappelle que l’organisation qui n’était qu’un simple embryon en 2012, s’est
accrue de manière formidable. Ce grossissement, que nous aurions dû combattre,
leur permet d’avoir une capacité de projection, d’exportation de la mort si
vous préférez.
Ils exportent aussi une culture, qui n’est
pas combattue selon M. Trévidic, ou pas suffisamment. Paradoxalement, cette
culture interdite est accessible par tous à cause d’Internet. On connaît les
discours et les scènes de décapitation, mais on n’imagine pas assez leurs
impacts sur la tête de certaines personnes en France. Cette culture peut être
portée par le milieu social, car il en existe de plus réceptifs que d’autres,
par l’éducation, rarement capable de combattre cette radicalisation par la
faiblesse de ses moyens et sa sous-estimation par tous, par la famille, par les
amis. Les esprits simples et en quête de revanche sur une société qu'ils rejettent sont séduits.
c) Comment lutter contre la culture du
terrorisme ?
La lutte contre la radicalisation doit
alors porter sur tous les plans : du quartier sensible à la projection de
la culture française dans le monde, dans tous les milieux. Et là, Trévidic
porte la réflexion au rang international : oui, il y a des attaches
locales, mais le contexte international joue évidemment un rôle. Il rappelle
que les Etats-Unis, et en fait le monde, traitent avec des pays aussi
fondamentalistes religieusement que l’E.I., mais qui sont libéraux
économiquement. On arrive à l’équation inédite : Fondamentalisme +
libéralisme = amitié. C’est évidemment un peu plus complexe, mais il est vrai
que le système international a un rôle dans tout cela.
La culture passe aussi, il est important de le rappeler, par l'éducation, le milieu socio-économique, le lieu de vie, on y reviendra plus tard.
Le bilan de l’ancien juge est qu’il faut
tenir bon, et attaquer préventivement avant qu’ils ne retentent une nouvelle
attaque. Ils analysent nos réactions en ce moment précis, soyez sages.
Voici
deux autres vidéos de cet homme :
Pour conclure, je dirais qu’il est temps
de faire son deuil. La riposte viendra. Courage encore, françaises et français.
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