L’histoire est l’étude des hommes
dans le temps. Or qu’est-ce qu’un homme ? C’est un descendant d’Homo
Sapiens, de sexe masculin ou féminin, et qui possède une organisation interne
spécifique. Tous les hommes se ressemblent donc. D’un autre côté, tous les
hommes sont différents : petits, grands, bêtes, intelligents, handicapés, malades,
en bonne santé, sportifs, etc. Comment donc résoudre cette difficile équation
pour avoir une vue historique des hommes ? Tout simplement en considérant
les organisations humaines appelés sociétés, toutes différentes, ainsi que les
structures mentales à l’œuvre dans la tête des hommes d’une même société
considérée. Nous en parlions déjà pour différencier France et Etat Islamique.
I. L’homme dans une société
Découvrir le passé, découvrir l’homme,
c’est découvrir une société limitée géographiquement, humainement et
temporellement. Aristote (-384 ; -322), le philosophe du –IVe siècle
responsable de l’école philosophique du Lycée, ancien élève de Platon (-428 ;
-347) et précepteur d’Alexandre III dit « Le Grand » a écrit dans Politique : « l’homme est par
nature un animal politique » (1.2). Il appartient nécessairement à un
groupe d’hommes, qui l’acceptent plus ou moins bien, et avec qui il vit :
ce sont ses voisins, sa famille, ses proches, et puis les représentants de l’Etat,
les chefs politiques, etc. L’homme ne vit pas seul, il n’est pas une bête
sauvage.
Or, chaque société est différente :
en effet, rien de semblable entre la vie à Athènes au –IVe siècle, que l’on
soit citoyen, femme, métèque ou esclave, et en France aujourd’hui. L’organisation
gouvernementale, les structures publiques, les technologies disponibles, le
degré de richesse, l’éducation, tout cela est différent d’une société à une
autre, et même dans une même époque : la vie est différente en France, au
Japon, et en Afghanistan. Aristote rajoute que l’homme sans cité est « comparable
à l’homme traité ignominieusement par Homère de : Sans famille, sans loi,
sans foyer ». Aristote n’a pas tort : la société commence avec son
foyer, sa famille, et se poursuit dans une organisation plus vaste que l’on
appelle tribu, Etat ou cité, avec ses propres lois, ses propres codes. Une
tribu d’hommes préhistoriques est une société.
II. La culture dans l’homme
On peut poursuivre avec Aristote :
« c’est le caractère propre à l’homme par rapport aux autres animaux, d’être
le seul à avoir le sentiment du bien et du mal, du juste et de l’injuste, et
des autres notions morales, et c’est la communauté de ces sentiments qui
engendre famille et cité. » En bref, non content d’être dans une société,
l’homme a aussi des structures mentales qui lui disent ce qui est bon, ce qui
est mal. Ce qu’on a découvert avec l’anthropologie, c’est que ces notions
varient.
La culture s’acquiert par l’éducation,
qui passe par la famille, par la tribu, par l’école privée ou publique. Or, on
y apprend effectivement à différencier le bien et le mal, le juste et l’injuste,
pour pouvoir vivre avec les autres. Aujourd’hui, en France, nous savons que
tuer quelqu’un, c’est un crime, quel que soient les raisons. Dans un autre
ordre d’idée, dans un enterrement, nous portons du noir. Au Japon, c’est du
blanc. Nous avons des valeurs morales, des habitudes différentes. Aux
Etats-Unis, les armes sont tolérées, ce qui peut choquer un Français pour qui
le port d’armes est prohibé.
Comme je le disais dans l’article
cité en introduction, la culture permet de vivre ensemble : les gens qui
partagent une même religion, des mêmes valeurs, une même éducation, des mêmes
lois vivent mieux ensemble. Lorsqu’on proclame la laïcité, on indique que les
gens peuvent ne pas avoir la même religion mais gardent les mêmes valeurs,
éducations et lois : on peut pratiquer sa foi en tant que bouddhiste,
musulman ou chrétien en étant Français.
Lors d'une guerre, on invoque des différences culturelles pour la justifier : si le Grec dit du Perse qu'il est un barbare, assurément celui-ci proclamera la même chose de son côté. On est toujours le barbare de quelqu'un.
Conclusion
En définitive, étudier l’histoire, c’est étudier
une société et une culture dans un temps et un lieu déterminés, où des hommes,
fabriqués comme nous, agissent différemment. Sacrifier un homme dans la société
Aztèque, c’est normal. L’absence de peine de mort en France, c’est normal.
Apprendre l’histoire, c’est donc apprendre que tous les hommes sont différents
et semblables, et que personne n’est supérieur ou inférieur à qui que ce soit.
De l’Antiquité à aujourd’hui, les
hommes n’ont pas évolué. Seules les sociétés, les cultures et la science évoluent,
mais excepté cela, nous sommes les mêmes qu’il y a trois mille ans. Et l’intérêt
de l’histoire, c’est de comprendre cela.