mardi 23 août 2016

Armées d’Aujourd’hui 01 - L’Armée de Terre française - Les Grades (5)

Armées d'Aujourd'hui 01 : L'Armée de Terre Française

 Les Grades (5)

Portés sur les manches ou les épaules, ou autre part sur les différentes tenues du soldat, les grades, mot venant de « gradus » (latin) signifiant marche d’escalier, déterminent le rang hiérarchique de l’homme ou de la femme à qui on a affaire. Sa rémunération, son insigne, ses droits, ses devoirs, et la portée de son commandement et de son action sont directement déterminés par son grade et par sa position dans la hiérarchie. Notez que les couleurs peuvent différer selon les spécialités, mais le système de chevrons (un V inversé) et de galons (demi-barres et barres horizontales) reste universel (en France tout du moins).



a) Les militaires du rang

Le soldat, mot dérivé de l’italien « soldare », est celui qui reçoit une solde pour faire la guerre. Il remplace le mot « soudare » au XVIIe siècle désignant les hommes en bandes armées. Le soldat de première classe est un soldat disposant d’une distinction lui permettant de postuler au grade de caporal. Il possède un chevron simple de couleur rouge.

Quant aux « petits gradés », on en trouve plusieurs. Le mot « caporal » vient du XVe siècle, et désigne un chef « dizenier », dirigeant une dizaine d’hommes. Le mot « capo » désigne la tête en italien, tout comme le mot latin « caput ». Il est le chef direct d’une équipe, et de fait donne les ordres directs et organise le service à l’échelon le plus bas. Il est appelé Brigadier dans l’Artillerie, l’ABC et le Train. Il porte deux chevrons rouges accolés.

Le Caporal-chef ou le Brigadier-chef permettent avec la multiplication des tâches au niveau hiérarchique le plus bas de soulager l’effort des caporaux. Leurs deux chevrons rouges accolés sont surmontés par un chevron or ou argent suivant la spécialité. Le Caporal-chef de première classe est une distinction orientant vers un grade de sous-officier.

Le Caporal-Fourrier, responsable du ravitaillement, a disparu après la Première Guerre Mondiale. La spécialité de fourrier avait été créée en 1754.

b) Les sous-officiers


Sous l’Ancien Régime, on parlait de « bas-officier » pour désigner ceux qui secondaient les officiers pour l’encadrement. L’appellation a changé pour éviter la connotation péjorative.

Le latin « serviens » signifie servir. Au XIIe et au XIIIe siècle, on trouvait près des Chevaliers les Sergents, dont le but était bel et bien de serrer les gens, c’est-à-dire de les maintenir en ordre serré pour la bataille. Ils étaient équipés d’hallebardes. Quant au Maréchal des Logis, il jouait ce rôle au sein des écuries. Aujourd’hui, ils dirigent un Groupe de Combat, composé de plusieurs Equipes menées par les petits gradés vus précédemment. Ils sont reconnaissables avec leurs deux chevrons accolés d’or ou d’argent suivant l’arme à laquelle ils appartiennent.

Le grade de Sergent-chef a été instauré en 1928, remplaçant à la fois les grades de sergent-major et de sergent-fourrier. Il a une vocation plus administrative que le précédent. Lui et le Maréchal des Logis-chef possèdent trois chevrons accolés d’or ou d’argent.

Les Adjudants ont été établis en 1776, et représentaient le grade le plus bas des « bas-officiers ». Il devait aller à cheval pendant les conflits, et se retrouvaient hors des compagnies, bataillons ou régiments. Ils jouaient le rôle de sous-officiers de l’état-major et ils s’occupaient des services intérieurs, de la logistique, des transmissions et de l’exécution des ordres. Avant la Révolution Française, ils pouvaient même devenir Sous-Lieutenant après 10 ans de service en temps de paix ou 5 en temps de guerre. En 1887, le grade d'adjudant de compagnie est créé, banalisant son rôle et ses attributions à un niveau inférieur à celui d’adjudant de bataillon. Il fallait rassembler les troupes, égaliser les pelotons, surveiller les cantines ou instruire les caporaux. Aujourd’hui, l’Adjudant s’occupe d’une Section d’Infanterie ou d’un Peloton de véhicules, composé de plusieurs Groupes de Combat. On quitte le système des chevrons avec eux, car ils possèdent un galon d’argent ou d’or traversé par un liseré rouge.

La situation d’Adjudant-chef a été créée en 1912 pour améliorer la situation de l’Adjudant sans le faire pour autant Sous-Lieutenant. Après dix ans d’ancienneté, il peut rejoindre les rangs des Lieutenants. Entre 1912 et 1945, il ne pouvait par contre ni être secrétaire d’un Colonel, ni être vaguemestre, ni être adjudant de bataillon. Après 1945, ces restrictions ont été abandonnées au profit des brevets et des qualifications. Son grade est composé d’un galon d’or ou d’argent traversé par un liseré rouge, comme les Adjudants.

Le rang de Major a été instauré en 1972. Il joue le rôle d’un Adjudant-chef et a de hautes qualifications dans certaines spécialités. Son grade se compose d’un galon d’or ou d’argent traversé par un liseré or ou argent.

c) Les officiers subalternes

Les officiers sont par définition ceux qui disposent de charges et d’offices accordés par le chef de l’Etat, depuis que la propriété du grade a été instaurée le 19 mai 1834. Il doit théoriquement inspirer les hommes, les instruire et faire perdurer la tradition du Régiment dans lequel il s’insère, en plus de les commander et de les préparer au combat. On distingue les Officiers subalternes, supérieurs et généraux.

L’Aspirant est au départ un sous-officier accédant au rang d’officier. En 1910, les élèves officiers étaient aspirants pendant un an avant de devenir Sous-Lieutenant ou Lieutenant. Supprimé en 1919, le grade réapparaît en 1973, et son obtention est soumise à un décret, pour les réservistes du rang de sergent-chef, adjudant ou adjudant-chef. Le galon est coupé en trois par deux liserés noirs.

Le Sous-Lieutenant apparaît en 1669 dans les régiments pour le détail du service et de l’instruction. Il possède un galon aux couleurs de son arme.

Le Lieutenant, « tenant lieu de », peut remplacer son chef immédiat : le lieutenant-général a disparu, le lieutenant-colonel est resté tel quel, et le lieutenant-capitaine est aujourd’hui appelé Lieutenant. Fondé en 1540, ce grade est toujours d’actualité, et le Lieutenant dispose d’une Section ou d’un Peloton tout comme les Adjudants. Mais il est capable de remplacer le Capitaine à la tête de la Compagnie. Il possède deux galons d’or ou d’argent.

Le Capitaine, avec une étymologie proche du Caporal, est celui qui commande. Au Moyen-Age, cela signifie chef de guerre. Lorsque Charles VII, au lendemain de la Guerre de Cent Ans, au XVe siècle, réorganise l’armée en fondant les Compagnies d’Ordonnance, elles sont dirigées par des Capitaines. Le Capitaine commande encore aujourd’hui des compagnies d’une centaine d’hommes, ou bien des escadrons et des batteries suivant les armes. Il a trois galons.

d) Les officiers supérieurs

Le Commandant commandait traditionnellement les Bataillons. Il était appelé dans la cavalerie chef d’escadrons. Il agit désormais comme un officier d’un Régiment. Il possède quatre galons de même couleur.

Le Lieutenant-Colonel joue le rôle d’intermédiaire entre le Colonel et ses troupes. Il s’occupe de la formation et est capable de remplacer son supérieur hiérarchique à la tête d’un Régiment. Cette fonction a été créée sous Louis XIV par le Marquis de Louvois Louvois, supprimée en 1793, remplacée par le Major sous Napoléon et rétablie pendant la Restauration. Il a cinq galons, dont trois or et deux argent ou vice-versa.

Le mot Colonel vient de l’italien « colonnello » signifiant chef de colonne. Entre Henri II et Louis XVI, on trouvait à la tête d’un Régiment un Colonel ou un Mestre du Camp. En 1803, il ne reste plus que l’office de Colonel. Il représente à lui tout seul le Régiment et est considéré comme « le père du régiment ». Il a cinq galons d’or ou d’argent.

e) Les officiers généraux

Les Commandants de Compagnie commandant d’autres Commandants étaient autrefois appelés Capitaine-Général, ou encore Colonel-Général. Le grade de Lieutenant-Général est fondé par Charles VII et est conservé jusqu’à la Révolution Française où le terme est remplacé par celui de Général de Division, revient sous la Restauration, et repart une dernière fois au moment de la chute de la Monarchie de Juillet en 1848.

Le Général de Brigade était au départ un Maréchal du Camp de l’Ancien Régime à la Monarchie de Juillet, après une parenthèse napoléonienne. Il disparait après 1848 au profit du Général de Division. Aujourd’hui, on le retrouve comme premier grade des officiers généraux, même si les Brigades ne sont plus d’actualité. Il a deux étoiles sur ses manches et son képi.

Le Général de Division est le descendant du Lieutenant-Général de 1621. En 1914, c’était le grade le plus élevé. Il a trois étoiles.

Au-dessus de ces deux grades se trouvent deux appellations. Etre Général de Corps d’Armée ou Général d’Armée, c’est être un « général de division ayant rang et appellation de général de corps d’armée/d’armée ». Cette disposition permet d’obtenir plus de grades pour diversifier les rôles, et est datée de la circulaire du 17 mars 1921. Ils disposent de 4 et de 5 étoiles.

f) Le Maréchal

C’est une dignité, et non pas un grade, instauré par le roi Philippe-Auguste en 1185. Sous Henri II (1547-1559), ce sont les dignitaires de l’Etat juste en-dessous des princes de sang. Sous Henri IV (1589-1610), ce sont même des cousins du roi. Louis XIV (1643-1715) porte leur nombre de 16 à 20. Aujourd’hui, cette distinction est réservé à un officier général ayant commandé en temps de guerre. Il a sept étoiles d’argent et un bâton de velours bleu parsemé d’étoiles sur lequel apparaît la devise : « terror belli, decus pacis », terreur dans la guerre, ornement dans la paix.

Liste des épisodes
:

1 : Présentation Historique
2 : Les Hauts États-majors
3 : Du Troupier au Corps d'Armée
4 : Les Spécialités
5 : Les Grades

Sources :

Site de l'Association Nationale des Réserves de l'Armée de Terre
Site de l'Otan
Site du Ministère de la Défense

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