(Cet article est tiré de mon site). L’Open des Jeux d’Histoire est un
événement unique dans la capitale. Du 22 au 24 septembre, on pouvait y
trouver éditeurs, développeurs, tournois et présentations de jeux de
plateau, de wargames, unis plus ou moins autour du thème de l’histoire,
de l’Antiquité avec De Bellis Antiquitatis au plus contemporain War on Terror, des jeux de figurines aux jeux avec des pions, de l’opérationnel au tactique. La Gazette du Wargamer y a été aimablement conviée, et voici ce que nous avons pu y découvrir au fil de notre visite.
L’Open se déroulait dans le cadre très agréable de la Bibliothèque Thiers (9e arrondissement)..
Le monde des éditeurs
Nous rencontrons d’entrée de jeu les Polonais de Taktyka i Strategia
qui nous ont fait l’honneur de leur présence, en présentant une poignée
de nouveaux jeux opérationnels sur la Seconde Guerre Mondiale.Plus
loin, une table accueillante se forme : le représentant de ZBB Editions,
l’éditeur qui publie notamment en français les règles du jeu de
batailles de figurines se déroulant de l’Antiquité au Moyen-Âge De Bellis Antiquitatis,
nous explique rapidement les règles, et nous propose même une partie
opposant Puniques et Romains durant la Seconde Guerre Punique.
Le stand de Taktyka i Strategia.
C’est ensuite le moment d’aller rencontrer Asyncron Games, le pendant français de l’éditeur anglo-saxon Academy Games, qui poursuivent sur leur lancée avec le dernier né de la série Birth of America.
Ce jeu de conquête entre différents camps et armées sur une grande
carte présente sa version 1754, après 1812 et 1775, opposant ainsi les
Anglais et les Français lors de la Guerre de Sept Ans, avec des règles
bien particulières : ports permettant d’acheminer des troupes, renforts
en provenance d’en-dehors de la carte, Indiens pour Anglais et Canadiens
pour Français. Ce qui me permet d’embrayer sur la toute nouvelle série Birth of Europe,
reprenant le système globale pour l’adapter au IXe siècle et à la
conquête viking de l’île anglo-saxonne. Les Anglais auront un début de
partie fort, vite perturbé par des hardes Vikings.
878 – Vikings, prochaine nouvelle déclinaison de la série Birth of America sur le thème de l’Europe et du Moyen-âge.
Après quelques pas, on retrouve Mythic Battles, qui est fier de présenter son nouveau jeu. Après la réussite du kickstarter de Mythic Battles : Pantheon, Mythic Games
revient en effet avec Joan of Arc, et un futur lancement d’une campagne
de financement participatif prévue pour le 10 octobre. Le premier
scénario proposé à l’Open est un scénario mélangeant histoire et
fantastique. Le but est simple : débusquer un loup-garou dans un petit
village français. Pour ce faire, vous avez des héros, capables de monter
en niveau, de fouiller des maisons, de trouver des objets magiques et
de combattre. On nous promet au moment de la sortie finale un nombre
encore plus important de scénarios, capables de mettre en scène des
scènes plus historiques via des troupes un peu moins folkloriques, mais
le mélange pour l’instant réalisé est de qualité.
Démonstration de Joan of Arc, de Mythic Games. Joli jeu de plateau mêlant dans ce scénario un village français, une enquête, et un loup-garou.
On connaît Devil Pig Games pour sa série Heroes of Normandy,
réinventant la Seconde Guerre Mondiale avec un système de tuiles, des
situations capables de se retourner en un tour de main, façon films
hollywoodiens, la gestion des pelotons, et des héros apportant divers
bonus. Outre la version The Tactical Card Games, qui s’éloigne un peu pour nous proposer un terrain plus grand, ainsi qu’un plus grand nombre d’unités, le jeu a plu à Games Workshop qui a proposé un partenariat en 2016 pour un futur Heroes of Black Reach,
une nouvelle mouture qui adaptera la recette initiale à la guerre entre
Space Marines et Orks. Si le tout plaît, les développeurs sont prêts à
partir dans l’univers de Warhammer 40K pour nous proposer de plus en
plus de races…
Heroes of Black Reach, la production secrète de Devil Pig Games, très Warhammer 40K et dont on aperçoit ici un exemple de pions et de plateau.
Continuons. Évidemment, on retrouve Days of Wonder, accompagné d’un représentant de la Fédération française du jeu Mémoire 44.
Depuis 13 ans, le jeu s’enrichit davantage, et une mystérieuse
extension s’est profilée durant le week-end. Ce fut l’occasion de faire
une partie rapide contre un joueur chevronné, et de profiter de jets de
dés heureux pour défendre ma position : on est de la Gazette ou on ne
l’est pas.
En pleine action de Mémoire 44. Je défends deux ponts avec succès (et des cartes sympathiques).
A côté des grands éditeurs et développeurs, nous avons rencontré d’abord Pascal Donjon. Auto-entrepreneur, concepteur et auto-éditeur, il propose d’abord de rejouer ni plus ni moins que l’Iliade avec Pergame,
où les héros et les dieux se livrent une lutte sans merci, cherchent
des objets magiques sur les champs de bataille, et essayent d’obtenir
gain de cause par la force ou la malice. Plus simple et plus classique, Singidinum voit s’affronter Romains et Barbares, avec un nombre réduit d’unités différentes.
Le stand de Pascal Donjon.
Enfin, on retrouve le jeu d’Hervé et de Lucas Degrenier,
père et fils, qui développent depuis plusieurs années une adaptation
très intéressante des guerres napoléoniennes durant l’année 1815. Au
menu, les différents régiments d’infanterie, de cavalerie ou
d’artilleries activées par l’adjonction d’un officier, en nombre limité
par tour, peuvent avancer sur différents points de la carte, ce qui
remplace les hexagones habituels. Lorsque sur cette carte d’état-major
deux forces finissent par tomber côte-à-côte, le jeu se transforme pour
proposer une bataille locale, où il va s’agir de déployer les deux
forces selon des règles et en fonction des unités, des régiments aux
éclaireurs, en passant par les tirailleurs, et en fonction du terrain,
de la forêt à la plaine. Ce jeu dans le jeu se résout ensuite par un
calcul de probabilités résolu par des billes de couleurs dans un petit
sac. En Bataille ! apparaît donc comme un wargame innovant,
mais aussi assez complexe et touffu. On souhaite aux concepteurs de la
réussite dans leur projet.
Démonstration de « En Bataille ! » , un wargame napoléonien dense, mais très complet.
Les à-côtés
a) Les associations
Au fil de nos pérégrinations nous sommes
aussi passer à l’étage, où des tables de jeu remplis de pions
attendaient les joueurs, avec notamment beaucoup d’Advanced Squad Leader. C’est là que le groupe DM,
club mystérieux sur la Toile et visiblement basé à Malakoff dans le
20e, m’annonce organiser un dimanche par mois des wargames à l’École
Militaire.
Un peu de Bolt Action avec le club Rathelot (Nanterre). Les Britanniques ne vont pas faire long feu dans cette partie déjà bien engagée.
En bas, ce sont les trublions nanterrois du club Rathelot
qui m’invitent à une partie en cours du jeu de figurines sur la Seconde
Guerre Mondiale Bolt Action. Les décors étaient magnifiques, entre
bocages, champs, petit village et avion qui faisait débarquer des
commandos britanniques dans un endroit tenu solidement par les
Allemands. Autant vous dire que les Britanniques étaient cloués au sol
par les mitrailleuses allemandes et que la partie s’est vite terminée,
de quoi laisser les participants discuter des modalités de leur scénario
créé de toutes pièces.
b) Les Puniques face aux Romains
Je ne résiste pas au plaisir de revenir sur la partie d’initiation faite avec Yann-Gaël de ZBB Éditions pour De Bellis Antiquitatis.
L’armée Punique dispose de cavaliers légers sur les flancs, d’un
éléphant, de plusieurs unités de lanciers, d’une unité d’infanterie
légère et de deux bandes mercenaires gauloises. En face, les unités de
légionnaires côtoient les vélites, des auxiliaires Gaulois et des unités
de cavaliers. Les lignes se rapprochent les unes des autres grâce au
système de formation très intuitif : un dé nous montre le nombre de
points d’activation dont nous disposons, et à nous de faire avancer une
unité ou un groupe d’unités.
J’ai
poussé sur la colline, et fait le tour avec une unité de cavalerie
légère, pendant que les deux lignes d’infanterie se rapprochent.
La colline à l’ouest du champ de
bataille est un objectif intéressant, et j’y envoie de suite mes unités
d’infanterie légère, capables de s’y mouvoir sans pénalités, et
permettant à plus ou moins longue échéance de contourner la ligne
ennemie. Les lignes de bataille se forment de part et d’autre, et je
réussis à triompher de l’unité légère adverse qui essaye de prendre ma
colline. Le général ennemi charge de ce côté, et est pris à parti par
une unité de cavalerie légère et mon unité légère. De l’autre côté du
champ de bataille, c’est le choc entre les deux lignes d’infanterie. Mes
éléphants sont désorganisés par des troupes légères et fuient le champ
de bataille, et mes lanciers résistent tant bien que mal aux
légionnaires.
Le combat au centre est féroce, mais mes Gaulois sur la colline renversent la situation.
Les valeurs de combat se comparent avec
en plus un D6. Si c’est le double de l’adversaire, la formation est
annihilée. Vous gagnez des bonus et des malus selon si vous prenez de
flanc ou que vous êtes pris de flanc. Si le combat est perdu avec moins
du double, vous reculez, ce qui perturbe plus d’une fois ma ligne et
menace les Puniques de désorganisation. Heureusement, les mercenaires
Gaulois sauvent le jeu. Ils chargent dans la colline les Gaulois
adverses et les exterminent, puis poursuivent leur avancée sur les
arrières de l’armée romaine, réduisant en charpie une unité romaine qui
passait par là. Finalement, un quart de l’armée ennemie est en fuite, la
bataille est gagnée pour les Puniques !
Fin de la visite
Bien sûr, il y aurait encore davantage
de choses à dire sur cette première journée et les deux suivantes : les
démos, les tournois, la conférence sur la Révolution Russe du vendredi
soir, le jeu Urban Operations de Nuts Publishing développé par un officier de l’armée de terre et dont nous reparlerons cet automne, le représentant de la boutique du Damier de l’Opéra, mais aussi la présence d’Ajax Games, de GMT Games, d’Hexasim ou encore de Vae Victis.
Quoi qu’il en soit, cette troisième édition de l’Open de Paris des Jeux
d’Histoire était une réussite, et a été l’occasion pour certains d’une
vraie porte ouverte sur le monde riche de diversité du wargame et du jeu
d’histoire. A l’année prochaine !
Dossiers précédents :
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